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Billet du 1er septembre 2024 la beauté du geste


Dans le bus d’Helène, on a joué le transsibérien de Blaise Cendrars



Après 60 ans de théâtre et je ne sais plus combien de créations, d’inventions, d’actes poétiques radicaux, de grandes fêtes, de spectacles intimistes, absurdes, après avoir vécu une saison en enfer en Ethiopie à Harar, j’ai décrété que je n’irai pas plus loin.  

Rimbaud m’avait ouvert les yeux à l’âge de 17 ans, et c’est lui qui me les fermera. C’est dit. 

Donc je suis en phase de transition, je me détache en douceur de la vie culturelle, je ne décrypte plus les programmations diverses, les nominations ne me passionnent plus. 

Je m’éloigne de la courses aux dates,  de la communication, des chiffres de fréquentations, des profils du public touché, et cette distance  me donne un peu de clairvoyance. 

Tout le monde connait le maillage remarquable d’établissements culturels dans notre pays, des Scènes Nationales, des Centres Dramatiques, des Théâtres Nationaux , des théâtres municipaux, des centaines de festivals l’été. 

Mais qui sait ce qui s’est passé le 30 août 2024, dans un petit village de 264 habitants en Haute Saône ?  

L’évènement préparé sans budget par la Francomtoise de rue avait pour titre “la beauté du geste”. Non seulement on allait insuffler des graines de beauté dans cette terre vierge, mais on l’offrait gracieusement. 

Dix huit artistes s’étaient réunis pour inventer onze gestes artistiques , disséminés  dans ce petit village, une trentaine de bénévoles les avaient rejoints et entre 18 H et 22 H, une centaine de personnes allaient découvrir ces pépites. 

Une grange animée par une association locale, distribuait des crêpes, de la limonade, de la bière. 

Douceur de l’air, pas de sonorisation, simplicité, tendresse.

Dans le bus d’Hélène  avec Clément Dreyfus  qui inventait à vue des musiques, on jouait avec Marie Leila Sekri le transsibérien de Blaise Cendrars.  Il y avait de l’émotion. Marie Leila a la moitié de mon âge et sa petite fille de huit ans connaissait elle aussi le texte par coeur.

Il y avait de la magie, j’avais l’impression de marcher sur la cime des arbres.  Légèreté sublime. 

Or l’exemple de Trésilley n’est pas unique. Il y a en France des milliers d’initiatives de ce genre dont Télérama ou le Monde ne parleront jamais. 

On ne dira jamais la force de plus d’un million cinq cent mille  associations qui oeuvrent dans notre pays en silence avec 16 millions de bénévoles.  

Pour moi la vérité de la culture ce sont tous ces petits abris culturels, 

véritable force d’opposition au capitalisme ravageur et destructeur. 

Mon mot d’ordre : aller là où il y a du désert. 


 

 


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