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Billet du 23 mars 2025 Culture de la marge




Hier soir, je me suis rendu dans un tout petit village du Jura, Offlanges. La compagnie de la Carotte annonçait une Bibliothèque Humaine. Par groupe de 10, on nous emmenait dans une maison du village, et là une habitante, pas comédienne du tout, nous racontait un épisode de sa vie. Une sincérité extrême, une simplicité absolue. Peut -être même une théâtralité intense tant l’air qui nous séparait de la personne était chargé d’émotion. Au bout de trois récits dans trois maisons différentes  j’étais épuisé par tant de beauté et d’humanité. C’était minuscule et grandiose. Un joyau.


Il y a un mois j’assistais dans une église déclassée de Salins les Bains  dans le Jura à une  soirée dite du Lustre, menée par la compagnie  Urbaindigènes. Un spécialiste de la justice, Fabien Jobard était l’ invité, et la compagnie illustrait ses propos par une série de scènes préparée en une semaine. Une atmosphère incroyable. Les soirées du Lustre  sont devenues un rituel, et le public s’y presse.


Régulièrement le Pudding théâtre investit un village. Deux ou trois comédiens enquêteurs passent une semaine où ils s'emparent de la spécificité du territoire, et le samedi soir il y a un rendu des explorations joué par une douzaine de comédiens et musiciens, bien entendu tout le village est là, c'est fou et passionnant. Cela s'appelle "le cabaret des locales".


Et nous -mêmes dans cette même Franche -Comté nous pratiquons depuis vingt ans le Kapouchnik une forme résolument nouvelle, un traitement de l’actualité assez téméraire.  Tiens, je  viens de recevoir  une lettre d’un certain Olivier Brocard  que je ne connais pas :

On se se sent écouté quand on vient au théâtre de l'unité, c'est une drôle de sensation, on sent que le spectacle a été crée pour nous. Quand j'entends Jacques Livchine faire la pédagogie du salaire mensuel de Tavares et le mettre en comparaison avec les retours SAV des véhicules, ou son petit mot sur le programme où il avoue se tromper souvent, quand je vois la free party, ou des orques dialoguant avec des requins, ou encore Marioupol, ou que j'entends parler de ce salopard de frelon chinois. Bref, quand je vois et ressens la dérision, la lâcheté, l'authenticité, la tristesse, la joie, et tout ce qui ressort de ce Kapouchnik, je me dis qu'enfin je suis au théâtre, ça me parle,


Il y a un point commun  à ces quatre expériences, nous sommes en Franche- Comté berceau de l’utopie, avec cette devise de Claude Nicolas Ledoux, l’architecte des salines d’Arc et Senans  : invente ou je te dévore.

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